L’an dernier, à la même période, Kyle Peters débarquait d’un jet privé qui venait d’atterrir à Augusta, en Géorgie. Ce voyage avait eu lieu grâce à Corey Connors et sa victoire fantastique au Valero Texas Open.
Cette année, la donne a changé, car le monde entier est confronté à la pandémie du Coronavirus, et le golf n’est pas épargné. Peters, qui est le cadet de Corey Conners depuis que le golfeur canadien a commencé à jouer sur le Circuit de la PGA, a hâte de fouler les pelouses des parcours de golf une nouvelle fois.
Il est originaire de la ville de Charleston, en Caroline du Sud. Avec son patron, il a connu des hauts et des bas. Il était aux côtés de Conners lorsque ce dernier devait disputer les rondes préliminaires du lundi (même à Hawaï), et lors de sa première consécration au Texas en 2019.
Dans cet entretien, le cadet revient sur cette première victoire, nous parle de ses villes préférées, des légendes de son domaine, et d’expériences survenues sur le parcours et qui le font rire maintenant.
Comment êtes-vous devenu un cadet?
J’ai joué au golf en grandissant, aux niveaux junior et universitaire. J’ai joué avec des filles qui étaient sur le Circuit de la LPGA, et l’une d’entre elles m’avait suggéré de venir à un tournoi pour être cadet. Au début, c’était juste un travail d’été, j’avais à peine 19 ans. Je me suis rendu en voiture à Mobile, en Alabama, Libby Smith s’était qualifiée le lundi et j’ai été désigné comme son cadet. C’est comme ça que je suis devenu cadet.
Quand avez-vous rencontré Corey pour la première fois?
C’était au Korn Ferry Tour. Je vendais des livrets de parcours et Corey m’en achetait un chaque semaine. Une semaine après ce championnat qui se déroulait à Jacksonville, avait lieu un autre tournoi de la PGA à Napa, en Californie. À cette époque, je travaillais pour Nicholas Thompson, et je projetais de prendre l’avion pour Napa à partir de Jacksonville le dimanche soir, dans le but d’être le cadet d’un joueur des rondes préliminaires du lundi. Mais, le Korn Ferry Tour devait se terminer le lundi. Corey n’avait pas réussi à se qualifier et était déjà à Napa, mais son cadet n’était pas en mesure de l’accompagner. J’étais resté avec Nick à Jacksonville jusqu’à la fin du Korn Ferry Tour, donc j’avais déjà manqué les rondes préliminaires du lundi à Napa. Le mardi matin, vers 7 ou 8 heures, un ami m’appela pour me dire que Corey avait besoin d’un cadet et me demander si je pouvais me rendre à Napa rapidement. Je lui avais répondu que j’allais me rendre à l’aéroport sur-le-champ, et de dire à Corey que je lui donne rendez-vous au deuxième neuf (rires). Je l’ai rencontré à l’allée du dixième trou.
Et depuis, vous êtes restés ensemble?
Oui. Au départ, l’idée était d’être son cadet juste pour une semaine. Je savais qu’il pourrait y avoir d’autres possibilités de faire équipe avec lui. Nous avions eu des résultats satisfaisants, je pense que Corey s’était classé 30e. Je lui ai dit que s’il avait besoin d’un cadet pour les tournois de l’automne, je serais partant. Quelques semaines plus tard, je travaillais aux tournois qualificatifs (Q-School) du Korn Ferry Tour à West Palm Beach. Cette semaine, Corey m’avait invité à souper et m’avait offert le poste de cadet. Au début, c’était juste pour l’automne, une sorte d’essai. Tout s’était bien passé et il m’avait dit: «je te donne rendez-vous à Hawaï». Nous sommes restés ensemble depuis.
Corey a parlé de son état d’esprit durant son calendrier incertain l’an dernier (devoir passer par les rondes préliminaires du lundi, par exemple). Vous pensiez qu’il allait toujours se qualifier? Comment gériez-vous tout ça?
S’il arrivait qu’il ne se qualifie pas pour un tournoi au terme des rondes préliminaires, il ne rechignait pas à ce que je sois le cadet d’un autre joueur. C’est arrivé deux fois, chaque fois nous étions à San Diego. C’était en début d’année, il ne jouait pas et je voulais me tenir occupé. Lorsqu’il a terminé deuxième à Jackson, au Mississippi (au Sanderson Farms Championship en octobre 2018), j’ai eu l’esprit tranquille. Il avait gagné beaucoup d’argent et j’ai eu ma part. À partir de ce moment, je ne me faisais plus de souci relié à l’argent. Bien des cadets ne voyageraient pas à Hawaï pour accompagner leur joueur durant les rondes préliminaires du lundi. J’ai accompagné Corey à Hawaï, au Mexique, et à d’autres tournois où beaucoup de cadets n’iraient pas. Corey fait partie des meilleurs joueurs dans les rondes préliminaires. Il ne se qualifie pas tout le temps, mais il a toujours toutes les chances d’y arriver.
Le Valero Texas Open avait débuté par les rondes préliminaires du lundi. Un an plus tard, avez-vous toujours du mal à y croire, en repensant à votre succès?
C’est certain (rires)! Il avait vraiment travaillé dur, en plus d’avoir quelques coups de chance. C’est vrai que j’ai encore du mal à y croire. C’était une semaine extraordinaire qui restera gravée dans nos mémoires.
Lors de ce tournoi, la ronde du dimanche avait été rocambolesque. Qu’aviez-vous dit à Corey au dernier neuf? Quel a été votre rôle?
En quittant le neuvième vert, nous n’avions pas beaucoup parlé. Je lui avais juste dit que nous entamions un autre neuf, et qu’il devait recommencer à zéro. Il n’avait rien répondu. Durant le trajet de deux à trois minutes, Corey était assis au milieu avec sa femme Malory. Je ne pense pas qu’ils se soient beaucoup parlés, mais il a profité de cet instant pour reprendre ses esprits et se concentrer sur le deuxième neuf.
Quelle est la chose la plus agréable pour un cadet sur le Circuit de la PGA?
Le voyagement constitue à la fois le meilleur et le pire. C’est agréable de voyager, de se faire de nouveaux amis, de découvrir de nouvelles villes, et de rencontrer des joueurs du Circuit. En ce moment, tout le monde me manque vraiment. Nous constituons un groupe d’amis très proches, certains sont parmi mes meilleurs amis et ils me manquent. Aussi, découvrir les meilleurs parcours de golf à travers le monde est une chose très agréable.
Les joueurs disent que c’est fabuleux d’être dans le même groupe qu’un Tiger Woods, par exemple. Est-ce qu’il y a des cadets légendaires avec lesquels vous voudrez être dans le même groupe?
L’an dernier au Minnesota, nous étions dans le même groupe que Jason Day au cours des deux premières rondes. Son cadet, Steve Williams, a probablement gagné 80 tournois dans sa carrière, et je l’observais pour voir ce qu’il faisait. Il y’a aussi Mike «Fluff» Cowan, avec lequel j’adore être dans le même groupe, car il a un caractère bon enfant. Steve n’est pas aussi jovial que Mike, mais j’ai énormément de respect pour tout ce qu’il a accompli.
Quelle est la ville la plus divertissante du Circuit de la PGA?
Je dirai Las Vegas. On ne peut pas sortir et faire la fête, mais il y a quand même d’autres choses agréables à faire dans cette ville.
Quelle ville offre la meilleure cuisine?
J’en citerai deux: Memphis et Tokyo. Pour le premier, j’aime bien ses rôtisseries. Dans le cas de Tokyo, j’aime son sushi et ses fruits de mer.
Pouvez-vous nous parler de quelque chose dans le sac de Corey qui pourrait en faire sourciller plus d’un?
À vrai dire, il n’y a rien de bizarre dans son sac. Il y a peut-être quelques vieux livrets d’évaluation de parcours et quels outils d’entrainement, mais rien d’inusité. S’il y a quelque chose d’étrange là-dedans, c’est sûr que ça m’appartient (rires). Les lundis, mardis et mercredis, j’apporte beaucoup de choses dont on ne se sert même pas. Il s’agit, entre autres, de disques, et de ce gadget appelé «Break Master», une sorte de niveau électronique qui détermine exactement le degré de slope du parcours et l’inclinaison du vert. Je l’ai toujours avec moi, mais Corey ne me demande jamais de l’utiliser (rires). À Noël, on m’avait offert un anémomètre, un instrument qui sert à déterminer la vitesse du vent. Je l’ai utilisé une fois cette année, à Kapalua. J’ai beaucoup d’instruments qui ne s’utilisent jamais, donc si vous les voyiez dans le sac de Corey, vous n’auriez aucune idée de leur utilité.
Quelle est la plus grosse erreur que vous avez commise en tant que cadet et dont vous pouvez rire maintenant, mais qui vous avait inquiété à l’époque?
La première qui me vient à l’esprit s’était produite durant ma deuxième saison sur le Circuit de la LPGA. Nous étions aux tournois qualificatifs (Q-School) et il y avait deux parcours qui n’étaient pas très proches l’un de l’autre. La joueuse dont j’étais le cadet avait quitté le terrain de pratique et m’avait donné rendez-vous au tertre de départ de son tournoi. Je me dirigeais vers l’autre parcours lorsque sa mère m’a aperçu pour me signaler que notre ronde allait avoir lieu sur le parcours opposé. Grâce à elle, j’avais pu éviter un fiasco (rires)!
L’autre erreur s’était produite l’an dernier, à Augusta. Une nouvelle règle sur la manière de se tenir près de la ligne de visée d’un joueur venait d’être sortie. J’ai toujours une bonne idée de la cadence de Corey, mais nous étions dans une trappe de sable près du vert du 10e trou, et il était à une vingtaine de pieds du trou après avoir sorti la balle du sable. Nous étions un peu en retard, donc je me suis mis à râteler le sable aussitôt sans me rendre compte que j’étais vraiment très proche de sa ligne de visée. Je me suis donc dépêché pour me mettre à l’écart, quand je m’en suis aperçu. Tony Finau était groupé avec Corey, son cadet et moi nous étions dits que je l’ai vraiment échappé belle. Il n’y a heureusement pas eu de pénalité. J’ai fini de râteler le sable, tout le monde a joué son coup, et je vois un officiel venir me parler. Mon cœur battait à 100 à l’heure! Heureusement, il m’a simplement dit: «vous devez accélérer la cadence, vous avez du retard».