Écrit par: Brooke Henderson
Il y a un an, Brooke Henderson, 21 ans, est entrée dans l’histoire en remportant son neuvième titre en carrière lors de la Meijer LPGA Classic. Vers la fin de 2020, Brooke Henderson a pris un moment pour réfléchir à l’exploit qu’elle avait réalisé en battant le record de victoires canadien au début du même été.
Dans le monde du sport, et surtout dans le golf, tout est une question de statistiques. Je fais très attention à la distance à laquelle je frappe mes coups de départ et à la distance à laquelle je veux frapper certains coups. Vous avez sans doute vu Brit et moi faire les cent pas sur le Circuit de la LPGA – j’essaie de me faire une idée de la distance, du nombre à atteindre.
Les statistiques ont toujours joué un rôle important dans ma carrière. Le nombre «17» est important pour moi, parce que c’est l’âge que j’avais quand j’ai obtenu ma carte du Circuit de la LPGA. Mais le chiffre «9» était également très important pour moi jusqu’à l’année dernière.
Aucun Canadien n’avait jamais gagné autant de tournois sur les circuits de la LPGA ou de la PGA, jusqu’à ce que je réalise l’exploit.
Quand je repense à cette semaine très spéciale lors de la Meijer LPGA Classic for Simply Give, il est difficile de croire que tous ces grands noms me poursuivaient – Nasa Hataoka, Lexi Thompson, Nelly Korda, Shanshan Feng, et même mon idole d’enfance Morgan Pressel – et que j’ai réussi à remporter la victoire.
C’était un moment tellement amusant dans ma vie, et comme tant de grands moments, ce sont les petits détails dont je me souviens si bien.
Pour un dimanche de juin, il faisait plus frais que ce à quoi je m’attendais. J’avais un chandail gris, mais Brit portait un short. J’étais nerveuse parce que je voulais vraiment cette victoire. J’ai tout de suite vu que la Brooke Brigade était présente – je me souviens d’avoir vu beaucoup de chandails rouges puisque Grand Rapids n’est pas si loin du Canada.
C’était aussi la fête des Pères. Mon père est mon entraîneur et mon meilleur ami, et ce fut un immense honneur de gagner avec ma famille à mes côtés.
Mais avant de parler de ce dimanche dans le Michigan, vous devriez probablement en savoir un peu plus sur la façon dont j’y suis arrivée.
Comme la plupart des gens le savent, j’ai joué au hockey en grandissant et j’étais gardienne de but. Bien souvent, l’issu des matchs reposait sur moi. Avec le golf, je savais que j’allais en perdre plus que j’en gagnerais, alors en tant que golfeuse junior, j’essayais d’utiliser chaque tournoi pour m’améliorer et me dépasser. Si je jouais bien, les victoires viendraient.
J’ai choisi le golf pour passer encore plus de temps avec Brit. Nous sommes maintenant réunies et nous parcourons le monde ensemble, ce qui est un sentiment extraordinaire.
Je me souviens que la première fois que j’ai battu Brit, c’était lors d’un événement Future Links à Rideau View, un club de golf d’Ottawa. J’utilisais chaque tournoi comme un tremplin pour avoir de plus en plus de succès, et quand j’ai finalement battu Brit, dans un tournoi en plus, ça a été un point tournant pour moi.
Je pense que j’avais 11 ou 12 ans quand j’ai battu Brit pour la première fois, mais si on se transporte quelques années plus tard, je devais prendre une décision cruciale, car en grandissant, j’avais toujours voulu aller à l’université de la Floride et être une Gator. J’avais même quelques affaires de leur école dans ma chambre. Quand le moment est venu de prendre ma décision, j’ai eu beaucoup de conversations avec des personnes importantes dans ma vie. Je savais que je compétitionnais et que je gagnais contre les meilleures golfeuses amatrices de l’époque, alors j’ai finalement décidé que devenir professionnelle était la meilleure décision pour moi.
Après être devenue professionnelle, je n’avais toujours pas de statut sur le Circuit de la LPGA. Je me suis qualifiée le lundi pour la Cambia Portland Classic en 2015, mais je n’avais aucune idée que la semaine allait se dérouler comme ça – j’ai gagné par huit coups! J’ai célébré mes victoires de différentes manières, mais la célébration de ma première victoire était la plus spéciale, puisque c’était la première.
Habituellement, après une victoire, je fais une tonne d’entrevues et je reçois le trophée, mais ensuite il est temps de se rendre au prochain tournoi. Même après ma victoire à la Meijer Classic cette année, je ne peux pas m’empêcher de rire, car ma famille et moi avons immédiatement pris le traversier pour traverser le lac Michigan et nous rendre au prochain tournoi.
Mais cette première victoire est survenue juste avant l’Omnium féminin CP à Vancouver. Même si on a dû faire nos valises juste après, j’ai pu fêter ma première victoire avec ma famille et mes amis au Canada. Et j’ai reçu ma carte du Circuit de la LPGA le mardi suivant, alors que je n’avais que 17 ans.
Transportons-nous jusqu’en 2016, lorsque j’ai remporté un tournoi majeur, le KPMG Women’s PGA Championship, car ce fut l’une des expériences les plus enrichissantes de ma carrière.
Certaines joueuses n’ont jamais gagné de tournoi majeur, alors chaque fois qu’il y a un tournoi majeur, j’entends les gens dire: «Oh, quand vont-elles gagner? Elles n’ont pas encore gagné un majeur». Je suis donc très heureuse d’avoir remporté une victoire importante au début de ma carrière.
Sur le Circuit de la LPGA, nous avons nos cinq majeurs, mais pour moi il y en a vraiment six, puisque je considère que l’Omnium féminin CP est tout aussi important. C’était ma septième victoire à Regina en 2018, et c’est un moment dont je me souviendrai pour le reste de ma vie (y compris le gâteau au chocolat que Brit et moi avons partagé directement dans notre chambre d’hôtel après cette victoire).
L’année précédente, à Ottawa, ça a été pour moi un grand événement, même si je n’ai pas gagné. Terminer 12e et battre le record du parcours samedi était tout un exploit (après avoir fait la coupure de justesse) parce que j’ai su que je pouvais supporter la pression et réaliser de très bonnes performances sous cette pression.
Lorsqu’ils ont annoncé sur le premier tertre de départ cette année au Magna Golf Club que j’avais gagné en 2018 et que j’étais la championne en titre, toute la pression pour cet événement a disparu. C’était beaucoup plus amusant de jouer devant les fans. Je savais que je pouvais le faire, et ils savaient que je le pouvais aussi.
L’Omnium féminin CP arrive plus tard dans la saison, mais après cette victoire, j’ai senti que je pouvais tout faire pendant quelques semaines. Je me sentais en quelque sorte invincible. C’était une sensation vraiment amusante.
Après ma victoire au Canada, je savais que je voulais faire disparaître le plus vite possible les victoires numéro huit et neuf. Elles étaient un peu plus importantes que les autres.
Les gens me demandent tout le temps quels sont mes objectifs pour l’année à venir, et parler de maintenir ma série de deux victoires par saison est ce qui me fait le plus sourire. Bien sûr, j’aimerais bien gagner plus que deux fois par année, mais ça a été un bel objectif lors des quelques dernières saisons. Après avoir soulevé le trophée à Regina, je savais que le prochain tournoi auquel je participerais pourrait être la huitième victoire et que j’égalerais le record détenu par Mike Weir, Sandra Post et George Knudson.
Je n’ai jamais rencontré Mike Weir! Nous avons parlé au téléphone et j’ai lu des histoires ou vu des messages sur les médias sociaux de sa part qui disaient que non seulement il m’encourageait à égaliser le record, mais aussi à le battre. C’était un véritable honneur de voir ça.
Congrats @BrookeHenderson 9th win at such a young age just awesome! Keep it rolling 👍🏻
— Mike Weir (@mweirsy) June 16, 2019
Sandra et moi nous sommes rencontrées plusieurs fois et la première fois, c’était au ANA Inspiration quand j’avais 16 ans. C’était la première fois que j’y allais et j’étais dans le «clubhouse». Elle est venue me parler et m’a donné quelques conseils sur la façon de jouer sur le parcours. Elle le savait bien: elle a gagné là-bas à 19 ans, ce qui est remarquable.
Sandra et Mike sont des légendes! En grandissant au Canada, vous entendez souvent leurs noms et vous savez qu’ils ont fait beaucoup dans ce sport, et en vérité, ils ont fait beaucoup pour le Canada tout entier.
Leurs encouragements m’ont donné un peu plus de confiance. Pendant un certain temps, le simple fait d’être mentionnée dans la même phrase qu’eux trois était vraiment un sentiment incroyable et un peu surréaliste pour moi.
Avant de participer au LOTTE Championship l’année dernière, je ne m’attendais pas à défendre mon titre pour être honnête. Je voulais seulement jouer quatre bonnes rondes consécutives, et j’ai fini par obtenir quelques bons favorables qui ont joué en ma faveur et j’ai remporté mon huitième titre du Circuit de la LPGA par quatre coups.
La semaine suivant ma huitième victoire, j’ai terminé dans le Top 10 et ensuite j’ai dû faire face à une dure réalité – j’ai raté la coupure. Ça m’a motivé encore plus la semaine suivante et j’ai fini à égalité pour la deuxième place. J’étais à égalité en 39e position au U.S. Open, puis à égalité au 11e rang dans le New Jersey, et j’avais l’impression que mon jeu s’en allait dans la bonne direction. Je voulais essayer de gagner ma neuvième victoire le plus vite possible!
Je savais que j’avais une autre occasion de gagner la Meijer Classic, surtout après avoir amorcé la compétition avec une première ronde de -8 et une deuxième ronde identique de -8. La météo nous a obligées à jouer quelques rondes sur deux jours, et je n’ai pas pu faire mieux que -3 lors de ma troisième ronde, mais je savais quand même que j’avais une bonne chance de soulever le trophée.
J’étais en tête depuis jeudi et je croyais que le trophée était à moi au autant que je puisse connaître une autre excellente journée. Mais avec le nombre de joueuses qui me poursuivaient, une «excellente» journée était vraiment ce dont j’avais besoin.
Je ne voulais pas gagner seulement ce tournoi de golf, et je ne voulais pas obtenir seulement la victoire numéro neuf – aucun de ces deux objectifs n’était prioritaire par rapport à l’autre. Je voulais faire les deux, ensemble.
En marchant dans l’allée du 18e trou dimanche, je ne savais pas vraiment où tout le monde se trouvait, et j’ai dû attendre de voir le tableau des meneuses après avoir frappé mon deuxième coup sur le dernier trou, une normale 5. Je me suis dit qu’il me fallait un birdie, mais j’étais soulagé de n’avoir besoin que d’un par. Je n’avais jamais été aussi nerveuse! Mes mains tremblaient, et c’était un sentiment vraiment fou pour moi. Je suis souvent un peu nerveuse, mais les dix dernières minutes de cette ronde ont été très éprouvantes pour moi.
J’étais si heureuse de l’avoir fait, et j’ai senti que c’était un énorme exploit pour moi et pour le Canada. J’étais si heureuse de pouvoir battre ce record, et maintenant je peux me concentrer sur le nombre de victoires que je peux encore obtenir.
On m’a demandé à plusieurs reprises combien de victoires je pense obtenir, mais je ne peux pas vraiment me fixer d’objectif à long terme. Étant donné tout le talent des joueuses du Circuit de la LPGA, il faut penser à plus court terme et c’est ce que je fais. Chaque année, j’essaie simplement de réussir le mieux possible.
J’ai hâte d’essayer de gagner d’autres championnats majeurs, de continuer à participer à l’Omnium féminin CP et de rester dans le top 10 du classement mondial. Pour l’instant, je me concentre sur les petites choses qui me permettront de franchir la ligne d’arrivée le dimanche après-midi.
L’une des meilleures choses sur le Circuit de la LPGA, c’est de voir tous les membres de la Brooke Brigade m’encourager. C’était incroyable de savoir que des légendes comme Mike Weir et Sandra Post m’encourageaient aussi.
À chaque victoire, je suis de plus en plus confiante, et cette année, après ma neuvième victoire, je suis prête et j’ai hâte de remporter la prochaine!