À LA MÉMOIRE DE LEE ELDER

Source: SCOREGolf Par Rick Young

Lee Elder s’est éteint en héros dimanche.

Tout comme Jackie Robinson au baseball et Willy O’Ree au hockey, Elder a tracé le chemin en brisant la barrière raciale au golf.

Il a été le premier golfeur noir à participer au Tournoi des Maîtres, le premier golfeur noir à représenter les États-Unis dans la Coupe Ryder (dont on ne parle pas assez) et le premier Afro-Américain à recevoir le prix Bob Jones, la plus haute distinction de l’Association de golf des États-Unis.

Ayant dû lutter contre la discrimination et l’injustice raciales pendant une grande partie de sa carrière, il a réalisé son rêve de jouer sur le Circuit de la PGA. Il a participé à 448 événements officiels du Circuit, dont 12 Omniums canadiens, et a gagné quatre fois sur le Circuit régulier et huit fois sur le Circuit des champions de la PGA.

Parmi ses quatre victoires sur le Circuit de la PGA, celle de l’Omnium à Monsanto de 1974 est la plus marquante. Cette victoire lui a permis de participer au Tournoi des Maîtres de 1975 à l’Augusta National Golf Club. Désireux de mériter son voyage à Magnolia Lane, Elder avait refusé une exemption du comité du Tournoi des Maîtres en 1973.

«Le fait d’avoir connu le succès qu’il a eu tout en ouvrant la voie pour que d’autres puissent rêver grand et réussir montre bien le type d’homme qu’il était et tout le talent qu’il possédait», a déclaré Jay Monahan, commissaire du Circuit de la PGA, dans un communiqué. «Le Circuit est profondément reconnaissant pour la carrière de Lee Elder».

Ashley Chinner, l’ancien professionnel du Circuit canadien devenu amateur réintégré, était parmi les nombreuses personnes extrêmement attristées par le décès d’Elder.

Pendant ses 12 ans de carrière professionnelle (1989-2002), le diplômé de l’université Baker n’a jamais subi une discrimination comparable à celle dont Elder avait fait l’objet. On ne lui a jamais refusé d’entrer dans un pavillon en raison de la couleur de sa peau et il n’a jamais joué sous des menaces de mort.

Elder l’a été, après avoir reçu plusieurs lettres de menaces de mort, selon lesquelles il serait tué s’il donnait le coup d’envoi au Tournoi des Maîtres de 1975. Il a raté la qualification cette année-là, mais a joué un total de six Tournois des Maîtres.

«Parfois, je pense à mes luttes à l’époque où je jouais au golf professionnel», a dit Chinner lors d’une conversation téléphonique. «Elles sont insignifiantes comparées à une semaine dans la vie de Lee Elder.»

Chinner est né en 1963, a déménagé au Canada depuis l’Afrique du Sud à un jeune âge, et a tenu un bâton de golf qu’à l’âge de 12 ans. Neuf ans plus tard, il a participé à son premier tournoi professionnel et compte parmi les nombreux golfeurs noirs que Elder a inspirés.

«Quand j’ai commencé à jouer en 1980, une grande partie de ce que Monsieur Elder avait accompli, non pas en tant que golfeur noir, mais en tant que golfeur, avait déjà fait le tour de l’industrie. Il était une source d’inspiration pour tant de personnes», a-t-il déclaré. «Ce que j’admirais chez lui, Charlie Sifford et Teddy Rhodes, c’est qu’ils ne se plaignaient jamais. Ils restaient concentrés sur leur cible et ont persévéré. Monsieur Elder a travaillé comme un fou pour parvenir au Circuit de la PGA et rien ni personne n’a pu l’empêcher de réaliser son rêve.»

Né à Dallas, le plus jeune de huit enfants, Elder a perdu ses deux parents dans l’espace de trois mois à l’âge de sept ans. Son père est mort pendant la Seconde Guerre mondiale et sa mère est décédée avec un cœur brisé. Sa tante l’a élevé et un de ses frères aînés l’a initié au golf en lui trouvant un emploi de caddie sur un terrain de golf local. Elder est devenu indépendant dès l’âge de 16 ans.

«Le fait qu’il était fier de son identité était aussi inspirant que sa performance sur le terrain de golf. Monsieur Elder n’a jamais mis le blâme sur personne. Il ne s’est jamais plaint. Il continuait à aller de l’avant. C’est incroyable ce que l’on peut endurer, où l’on peut aller pour s’entraîner ou ce que l’on peut entendre sur un terrain de golf si l’on a un objectif. On devrait remercier Lee Elder pour sa grâce», a déclaré Chinner.

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Comme de nombreuses personnes dans le monde, Chinner a suivi en direct le match pour voir Elder rejoindre Jack Nicklaus et Gary Player en tant que lanceur honoraire du Tournoi des Maîtres en avril. Elder était branché à un réservoir d’oxygène et était incapable d’effectuer un élan. Malgré son inquiétude à ce sujet, Chinner était ému par la cérémonie.

C’était la dernière apparition publique importante d’Elder.

«Il y avait une certaine révérence», explique Chinner. «Le respect que Monsieur Nicklaus et Monsieur Player lui ont témoigné au tertre de départ était spécial. On le voyait dans leurs yeux. Ils reconnaissaient que Monsieur Elder, comme eux, était une légende. J’ai aussi eu l’impression que ce moment les avait bouleversés.»

L’héritage laissé par Elder perdure. Alors que le jeu se veut de plus en plus diversifié et inclusif, la vie et l’époque d’Elder ne manqueront pas d’attirer encore plus l’attention − comme il se doit.

Chinner pense qu’Elder ne voudrait pas être reconnu pour ce que la génération après lui a accompli. Ça inclut Tiger Woods, vainqueur de 82 épreuves du Circuit de la PGA et de 15 championnats majeurs.

«Il ne voudrait jamais avoir le moindre mérite», a déclaré Chinner. «Honnêtement, je pense qu’il aurait peur d’être considéré comme un pionnier. Je parie que, malgré ses luttes, il se sent probablement très chanceux d’avoir pu jouer sur des parcours et dans des endroits extraordinaires, et de rencontrer tant de personnes incroyables grâce au golf. Je sais que c’est mon cas». La carrière d’Elder, selon Chinner, peut être résumée par sa force de caractère. Quels que soient les objectifs, les rêves ou les ambitions d’une personne, on ne peut jamais les atteindre sans le cœur et l’âme. La confiance en soi et la foi véritable sont des qualités que, selon lui, Elder possédait en abondance.

«Quand les portes sont ouvertes, c’est assez facile de faire face au prochain obstacle, mais qu’est-ce qu’il arrive si ces portes sont fermées comme elles l’étaient pour lui?», a déclaré Chinner. «Pour moi, Lee Elder ne voyait pas un homme noir en se regardant dans le miroir. Il voyait un golfeur professionnel. Je pense que c’est une qualité qui l’a bien servi».

Elder est décédé à l’âge de 87 ans.

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