Dès le tout début, Stephanie Luttrell avait des ambitions différentes des autres étudiants en ingénierie à l’Université du Michigan. Pour commencer, elle s’est rapidement taillé une place au sein de l’équipe de golf de l’école. Mais elle avait aussi un objectif ultime: combiner son amour pour le golf avec son affection et son talent pour les chiffres et la science.
«J’étais motivée par quelque chose que mon père m’a dit quand j’étais jeune», explique-t-elle. «Il m’a dit: « Tu dois trouver quelque chose que tu aimes, parce que si tu fais ça tu n’auras jamais l’impression de travailler. » Je ne pensais jamais être capable de jouer au niveau professionnel, mais j’avais de bonnes aptitudes en sciences et en mathématiques. J’ai commencé à réfléchir sur la façon dont je pouvais mettre ça en pratique en faisant quelque chose que j’aime, qui était le golf. J’étais vraiment une fille de 18 ans pas comme les autres.»
Luttrell a écouté son cœur, ce qui l’a mené à collaborer dans le développement de produits dans le domaine du golf. Après avoir travaillé chez Callaway et Cleveland, elle travaille actuellement comme Directrice des bois en métal chez Titleist et a joué un rôle important dans la conception des bois de départ TS2 et TS3 de la compagnie. Au cours de sa carrière, elle a aussi travaillé dans la recherche de produits chez Callaway et en développement chez Cleveland, où elle a d’ailleurs passé du temps avec l’ancien joueur numéro 1 au monde, Vijay Singh.
Même si Stephanie mentionne qu’elle ne veut pas que son genre la définisse sur le plan professionnel, elle est l’une des seules ingénieures œuvrant dans le développement des produits dans le domaine du golf. Titleist a déjà eu jusqu’à quatre femmes dans son équipe d’ingénieurs, même si la compagnie n’en compte que deux présentement, ce qui représente une partie minime de l’équipe de 60 ingénieurs. Mais Luttrell explique que les femmes qui travaillent en ingénierie apportent une perspective différente dans le développement des produits.
«Nous avons vraiment une sensibilité différente en tant qu’ingénieures et nous apportons assurément quelque chose de différent au niveau des forces principales», explique-t-elle. Ce que j’observe avec les ingénieures, c’est le souci du détail, d’excellentes aptitudes de communications et la capacité d’effectuer plusieurs tâches en même temps. Ce n’est pas que les hommes ingénieurs n’ont pas ces aptitudes, mais j’ai remarqué que les femmes les maîtrisent plus en général.»
Dernièrement, Lutrell s’est concentrée sur la conception des TS2 et TS3 de Titleist, faisant passer les premiers prototypes en composite directement vers la phase de développement. Le bois de départ a été un véritable succès pour Titleist, alors que tous les joueurs ont gagné en vitesse de balle et en distance. Lutrell explique que son équipe a utilisé une approche différente pour concevoir son plus récent bois de départ.
«Dans le passé, nous nous étions vraiment concentrés exclusivement sur la tête en tentant de trouver le meilleur outil d’ajustement qui nous permettrait d’obtenir la meilleure performance possible», explique-t-elle. «En concevant le TS, nous avons utilisé une approche plus holistique en essayant de trouver la meilleure configuration globale et de positionner le produit pour qu’il offre la meilleure performance possible. Bien sûr, une bonne tête permet de générer une meilleure vitesse et un centre de gravité amélioré permet d’obtenir une amorce et une rotation supérieures, mais nous nous sommes vraiment penchés sur la meilleure façon possible de configurer le bois de départ afin qu’il plaise immédiatement à tous les joueurs.»
Luttrell mentionne que beaucoup d’efforts doivent être faits afin de faire découvrir l’aspect de développement du sport aux femmes qui étudient en ingénierie, mais elle ajoute que ces dernières doivent d’abord être passionnées de golf.
«C’est une initiative que nous devons prendre», dit-elle. «Nous devons trouver un moyen de diversifier notre force de travail puisque nous apportons une perspective différente. C’est très important.»